Édito - Guidés par l’Esprit, ensemble allons vers Pâques.
Voici que nous sommes entrés en quarantaine. La seule que l’on aime et que l’on embrasse sans réserve. Car elle ne peut être que salutaire. Du mercredi des Cendres au dimanche des Rameaux, nous n’avons qu’un seul objectif : Pâques ! Ultime préparation pour les catéchumènes avant la célébration des sacrements qui les feront renaître, le Carême est ce grand temps de retraite annuelle pour reprendre le chemin de la vie baptismale : une vie à la suite du Christ et avec lui, guidée par le souffle de son Esprit Saint.
Ces deux dernières années nous ont appris que cette retraite n’avait rien d’un retrait hors du monde. Au contraire, la conjoncture sanitaire mondiale a profondément marqué notre manière de vivre les quarante jours, deux années durant. En communiant plus intensément à la fragilité du monde et de la famille humaine, le Christ est venu réveiller notre conscience : ce monde a besoin d’être sauvé. Jeûner, prier, partager. Ces trois attitudes fondamentales s’étaient peut-être empoussiérées avec les années, elles ont pris un relief nouveau avec la pandémie et ses conséquences.
Que sera donc le Carême 2022 ? Nous espérions qu’il serait synonyme d’une libération (sanitaire). Nous pensions qu’il serait propice au discernement (électoral). Mais nous n’avions pas prévu que le combat spirituel serait devancé par un autre combat, non métaphorique celui-là : le retour de la guerre en Europe. Sidération. « Le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer », avait dit Dieu à Caïn, à la veille d’un acte fratricide (Gn 3, 7). Difficile de le nier, le diable – le tentateur qui est aussi diviseur – est encore à l’œuvre : ce monde a besoin d’être sauvé.
Que devons-nous faire ? Reprenons les moyens humbles et sûrs que nous offre le carême : le jeûne, la prière, le partage. Pour désirer la paix, pour demander la paix, pour faire advenir la paix. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître » (Lc 6, 40), entendions-nous le dimanche 27 février. Heureuse promesse ! Nourri des seules paroles qui viennent de la bouche de Dieu, le Fils de l’homme a été vainqueur du mal, il a pu consentir à passer par la mort pour gagner la vie. À notre tour, nourrissons-nous de la Parole, laissons-nous former par elle. Prenons appui sur les évangiles des dimanches qui dessinent un véritable itinéraire pour le passage. Lors de nos fêtes paroissiales de la réconciliation, redécouvrons le sacrement de la miséricorde : par sa parole de pardon, le Christ vient arracher le mal à la racine et restaurer les relations blessées. En frères, accueillons la grâce d’une récollection à l’ombre de l’abbaye de Bellefontaine : c’est encore par la bouche de nos frères que Dieu parle.
Avec toi Seigneur, ensemble, allons vers Pâques, « poussés comme toi par l’Esprit », pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Emmanuel MUSTIÈRE, curé SJJF