Édito - DU REPOS !!
Avec les dernières messes en famille, voici que s’achève notre année pastorale : une année riche, éprouvante à certains égards, de reprise. Reprise timide dans un premier temps par les jeux de cache-cache avec la COVID, puis toutes voiles dehors, au service de la vie renaissante. La vie paroissiale a repris et il faut en rendre grâce. Les célébrations des sacrements de l’initiation chrétienne pour les enfants et les jeunes et la fête de la foi en sont de beaux signes.
Parmi d’autres, plusieurs événements nous auront marqués : le rapport de la CIASE s’est invité peu de temps après la rentrée, puis s’est ouvert le synode dans la dynamique duquel nous sommes entrés progressivement, le déclenchement de la guerre en Ukraine a fortement coloré notre entrée en Carême dans l’attente que vienne la Pâque, les échéances électorales n’ont pas manqué de nous interroger, il faut encore nommer à St Jacques-St Jean-Ste Famille la fermeture précipitée de la communauté des frères de St Jacques et la visite pastorale de notre évêque au Clos-Toreau et dans l’ensemble scolaire St Jacques-de-Compostelle, enfin, pour nos deux paroisses, l’annonce d’une plus grande mutualisation par la nomination d’une équipe pastorale commune à partir de la rentrée de septembre.
La multiplicité de ces événements d’ordre différent et l’empilement de leurs effets pourraient donner le vertige, d’autant que le temps semble s’être accéléré. Nos communautés n’échappent pas à ce phénomène d’accélération parce qu’elles sont en prise avec la société. Dans cette société, beaucoup expriment leur fatigue et même leur lassitude. Ce qui les faisait vibrer jusqu’alors leur laisse un goût amer voire une certaine indifférence au point de se détourner de leurs engagements. La fin des jauges a contraint à jauger les forces et elles manquent. Fatigue pour ceux qui restent. Quand viendra le repos ?
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » (Mt 11, 28-30).
Si les chrétiens eux-mêmes sont fatigués, comment aideront-ils leurs frères à trouver le repos ? Croyons-nous que le repos de l’âme – ou la paix intérieure – dont parlait Jésus à ses disciples est encore pour aujourd’hui ? Le Christ serait-il impuissant à sauver l’homme contemporain ? De la réponse à cette question dépendent la vérité de notre vie chrétienne et la vitalité de nos paroisses. Redisons-le : on ne peut pas vivre pour le Christ sans vivre du Christ.
Alors, chers paroissiens, permettez-moi de vous lancer un défi pour cet été, sous la forme d’une question. Que chacun prenne le temps d’y réfléchir et d’apporter sa contribution à la rentrée : comment nous aider les uns les autres à vivre davantage du Christ pour avoir ensuite la force de l’annoncer ? J’invite chacun à prendre un temps personnel pour entendre l’appel du Christ qui veut lui offrir le repos. Dans son analyse de la synthèse des contributions synodales, Mgr PERCEROU invitait à s’interroger sur la place de l’eucharistie et du dimanche dans nos vies personnelles, familiales et communautaires. C’est une piste. J’attends avec confiance ce que l’Esprit dira, « suspendu à la bouche de tous les fidèles, car dans tous les fidèles souffle l’Esprit de Dieu », comme l’écrivait Saint Paulin, évêque de Nole, en Italie, au début du Ve siècle.
Vous remerciant pour cette année, je vous souhaite un bon devoir de vacances et déjà un beau temps pour expérimenter le repos avec le Christ.
Emmanuel MUSTIÈRE, curé SJJF