Il se vit de très belles choses au Clos-Toreau

Jeudi après-midi on a affiché avec Marine, une jeune kapseuse (colocation solidaire) et Aymeric un militant des CEMEA (Centre d'Entrainement aux Méthodes d'Education Active), les gestes barrières en neuf langues : 19 jours après le confinement, enfin ! Dans un immeuble, on a vu qu'une dame avait écrit spontanément sur la feuille des initiatives proposées "je peux nettoyer l'ascenseur". C'était signé Fatoumata D. C'est génial, ça, non ? Je constate que ce genre d'affiche autorise d'une certaine façon les gens à s'entraider. Dans un autre immeuble, un.e habitant.e a mis des DVD et des CD en libre-service dans une cagette dans le hall ; chez nous un voisin a créé une adresse courriel spéciale pour les impressions : les voisin.e.s lui adressent les docs et mettent des feuilles dans sa boîte-aux-lettres. Une autre voisine, Nicky  congolaise, bien connue de la paroisse, a mis son numéro de téléphone sur l’affiche et est passée voir tous les voisins dont elle n'avait aucune nouvelle, en respectant les gestes barrières ; je l'ai croisée hier avec son gel hydroalcoolique et son masque de fortune. Pas entièrement protecteurs, ces tissus, mais bien pratiques pour rappeler aux gens quelques principes de précaution et tout au moins se "protéger du geste main-bouche"...

Oui, des voisins sont super présents aux autres, nettoient régulièrement les touches de l'ascenseur, passent la serpillière sur leur palier (le bien commun reprend tout son sens). Je suis épatée par Nathalie, de milieu très défavorisé qui déploie une grande générosité et qui est à fond dans toutes les actions qui maintiennent une bonne ambiance et de l'entraide dans l'immeuble  (et je vois bien comme ça lui fait du bien).

Et puis mardi passé, il y a eu la livraison de paniers de légumes !  La distribution au grand air au pied des immeubles a créé un appel d'air sympa avec des gens qui voyaient tout cela aux fenêtres. Occasion de rappeler le message de l'organisation collective par immeuble. Lundi passé, sur nos 16 paniers, il y avait 15 habitants à venir chercher un panier alors qu'habituellement à peine un panier sur cinq est vendu à la maison de quartier.  C’est intéressant d’être au pied des immeubles, pour casser ce fameux plafond de verre dans les têtes : circuits courts = pour les gens qui ont des moyens (beaucoup de légumes du producteur sont moins chers qu'au supermarché !)

Je veux aussi vous parler des obsèques de Monsieur Marchesnay

Très belle cérémonie, simple et recueillie, le truc qu'il faut, quel que soit le rituel, la croyance, pour apaiser avec délicatesse et douceur, et passer ce cap difficile. Nous étions 9, dont un fameux filleul retrouvé alors qu'il était perdu de vue depuis 5 ans, et cette jeune auxiliaire de vie, Typhanie qui est pleine d'attention et d'affection, très respectueuse.  Il y avait deux voisins de l'immeuble et du coup ça va être du soutien aussi. Ah ben oui, quelle aventure ! Il y a 9 jours je ne connaissais pas Mme Marchesnay, mais elle est somme toute bien attachante, avec un sacré caractère, mais en l'occurrence dans le moment,  ce tempérament, c'est sa force. 

C'est Pâques aujourd'hui !

Alors ce matin, courir, courir, pour raconter, témoigner. Oui c'est Pâques, aujourd'hui !

Quand des voisins s’entraident,

Quand une femme isolée découpe les attestations de son journal, et les scotche chaque jour dans le hall pour d’autres,

Quand une personne âgée diabétique propose de préparer des soupes quotidiennes pour sa voisine, 6 étages au-dessus, qui vient de perdre son mari…

Quand d’autres nettoient sans relâche l’ascenseur, discrètement,

Quand sourires et bonne humeur prennent le dessus sur des messages montrant en boucle les incivilités,

Quand couturiers et couturières préparent en un temps record 400 masques pour des sans-abris d’un squat nantais,

Quand les téléphones sonnent, les méls crépitent pour dire une présence, une attention à l’autre,

Quand chacun développe des trésors d’ingéniosité pour ses voisins,

Oui c’est Pâques, quand cette vie qui nous est donnée, nous pousse en avant.

Cette vie, qui arrive en abondance et qui jaillit en perles de fraternité. Courons, courons, pour l'annoncer !

Poisson d'Avril ! 

Pour sourire partageons la trouvaille de Paul T. qui sonne une cloche tous les soirs à son balcon à 20 h pour rameuter les voisins et qui le 1er avril l'a fait 10 mn plus tôt et devant l'étonnement des personnes sorties quand même a crié  "poisson d'avril !" faisant bien rire tout le monde...

 Le téléphone portable (suite)

Depuis le début du confinement, lorsque nous devons aller faire le ravitaillement ; nous devons attendre.

Attendre parfois, un certain temps.
Dans les files qui s’allongent, je vois beaucoup de personnes avec leur téléphone… C’est une façon d’attendre en étant relié à ses proches.

Lorsque j’attends, je ne sors pas de téléphone. Je prends ce petit temps pour prier, prier avec certains  psaumes que j’aime, avec le Notre Père et le Je vous Salue Marie.

Celui à qui je m’adresse est toujours là, Il m’attend… Je ne tombe jamais sur le répondeur !

Continuons de faire attention les uns aux autres et d’ici quelques temps, nous aurons la JOIE de nous revoir en vrai (comme disent nos petits-enfants).
Bonne semaine,                                  Marie Jo

           Anne G.