ÉDITO -- Quelques réflexions à propos d’une épidémie…

 

2020 03 15 edito

Il est difficile de ne pas évoquer dans ce bulletin ce qui est aujourd’hui au cœur de toutes les conversations. L’épidémie qui préoccupe la terre entière nous concerne évidemment. Elle aura même quelque impact sur nos pratiques paroissiales. Chacun a sans doute déjà connaissance des propositions de notre diocèse concernant les messes du dimanche : éviter de se serrer la main, de s’embrasser, et donc s’abstenir du geste de paix, recevoir la communion dans la main, communion au calice par intinction seulement, lavage des mains à l’eau savonneuse pour ceux qui donnent la communion… En respectant ces recommandations, comme toutes celles que nous donnent les services de santé de notre pays, nous participerons à l’effort de tous pour réduire les risques de contagion. C’est un geste citoyen qui peut être vécu, en ce temps de carême, comme un acte de charité fraternelle.

Cette épidémie dont le responsable est un minuscule virus, nous rappelle combien nous sommes dépendants de la nature, jusque dans le plus microscopique de ses composants. C’est souvent à notre profit, mais parfois, comme avec cette maladie, à notre détriment. Aujourd’hui, nous avons les moyens d’intervenir. Il faut donc se réjouir du développement de la science médicale et des réponses qu’elle apporte, et peut-être modifier en conséquence notre sentiment sur le coût des services de santé ! Mais ce serait rêver que d’imaginer une totale maîtrise.  De telles crises nous rappellent la part de fragilité inhérente à notre condition humaine. La conscience que nous en avons ne conduit pas au fatalisme. Elle aide plutôt à faire face aux difficultés qui surviennent avec une humilité qui n’empêche ni le courage, ni la recherche de remèdes. Elle laisse aussi, pour les chrétiens, toute sa place à l’espérance.

Comme d’autres qui l’ont précédée, l’épidémie du COVID-19 a fait le tour de la terre. Elle l’a fait plus vite, en raison de la multiplication des échanges entre les pays et les continents et de la rapidité accrue des déplacements. Nous découvrons, un peu plus, l’ampleur de la mondialisation dans laquelle notre humanité s’est engagée. Nous en voyons les bénéfices, ne serait-ce que par la conjonction des moyens mis en œuvre. Mais nous mesurons aussi les dangers que cette mondialisation, telle qu’elle s’est développée, fait courir à notre monde, et particulièrement aux populations qui bénéficient le moins de ses avantages. Le réflexe, aujourd’hui, est de nous protéger et de protéger nos proches. Penserons-nous à ceux qui, comme en bien d’autres domaines, vont davantage souffrir de cette crise sanitaire. Cela nous poussera-t-il, à l’avenir, à soutenir tout ce qui peut favoriser l’accès de tous aux médicaments et aux soins ?

Voilà qui pourrait nous donner envie de lire ou relire l’encyclique du Pape François « Laudato si ». Dans ce beau texte, profondément inspiré de l’évangile, c’est de l’avenir de notre humanité « mondialisée » qu’il est question.  Le pape y invite toutes les bonnes volontés à préparer cet avenir par une profonde conversion de leurs comportements, de façon à être plus respectueux de la terre qui nous porte et plus soucieux de justice envers les pauvres. Souhaitons que cette pensée nous inspire en ces temps d’inquiétude, ainsi que tous ceux qui ont à gérer la crise actuelle.

Bernard HERVOUET

    Se souvenir de moi     Mot de passe perdu