ÉDITO -- Que tout soit musique !

 

2020 06 21 edito

 

Les choses reprennent peu à peu leur cours habituel. Avec leurs rites. Depuis bientôt quarante ans, la fête de la musique est l’un de ces repères qui jalonnent une année normale. Et que l’on aime à retrouver !  C’est que la musique a une place importante dans notre vie. Que l’on sache en jouer ou seulement l’écouter, elle nous touche au cœur, à l’émotion. Elle est, dans des registres très variés, une sorte de langage universel qui permet de « vibrer » à l’unisson. Soyons heureux de la voir mise à l’honneur au mitan de l’année, même si les mesures de distanciation ne permettront pas toutes les exubérances. Et que cette fête, et le début de l’été avec lequel elle coïncide, mettent un peu de baume sur les plaies occasionnées par l’épreuve que nous venons de traverser.

La musique et le chant sont le bien de tous, des croyants aussi. Dans la Bible, c’est bien souvent par la musique et les chants que monte vers Dieu la prière, que gloire et action de grâce lui sont rendues. Et ils tiennent une grande place dans nos célébrations chrétiennes. Nous y avons sans doute été plus sensibles ces derniers dimanches, dans les configurations un peu tristounettes de nos assemblées, avec distance et masque obligatoires. Mais cette place est toujours importante. Nos liturgies, en effet, s’adressent non pas d’abord à notre raisonnement, mais à nos sens, à ce qui en nous est capable d’émotion. La beauté de ce qui se donne à voir, à entendre, participe du mystère de Dieu qui affleure dans les sacrements. Saint Augustin avoue avoir été porté, au début de sa foi, par le chant des psaumes qu’il entendait à l’Église (Confessions, livre 10). Alors merci à ceux qui donnent de leur temps et de leurs dons musicaux à nos assemblées. Et, quelle que soit notre place, ayons tous le souci de la beauté de nos célébrations.

Dans l’un de ses livres, Tolkien, le célèbre auteur du « Seigneur des anneaux », revisite le récit de la Genèse. Il décrit la création comme une œuvre musicale, à laquelle participent ses créatures dont Dieu reprend jusqu’à leurs dissonances dans les thèmes qu’il déploie. Pourquoi ne pas développer cette image et dire que notre vie est comme une variation sur le thème que Dieu nous a donné en la personne de Jésus, qu’elle est une mise en musique de son Évangile. N’est-ce pas ce que disait récemment le pape François à un groupe de compositeurs et d’interprètes : « Chaque chrétien est un interprète de la volonté de Dieu dans sa propre existence et, avec elle, il chante avec joie à Dieu un hymne de louange et d’action de grâce. » Oui, en ce sens, que nos vies soient musique, une musique de paix et de fraternité au milieu de tant de bruits désespérants.

« Je n’ai pas voulu créer la musique, dit Dieu, je vous ai laissé le soin de l’inventer pour votre joie et pour ma gloire, afin que vous ajoutiez vous-mêmes à la beauté du monde que je vous donne... Je vous ai faits ainsi pour que vous fassiez de toute chose musique et que vous-mêmes deveniez musique, à l’image de ce que je suis ».  (Didier RIMAUD, qui a composé tant de nos cantiques, dans « À l’enseigne de Pâques », Le Cerf, 2007, p. 9).

Bernard HERVOUET

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