Édito - Un carême de conversion écologique et fraternelle

La bataille sanitaire dans laquelle nous sommes engagés bouscule nos calendriers habituels. Mais ceux-ci continuent malgré tout à rythmer notre vie commune. En ce qui les concerne, les chrétiens entrent en Carême : quarante jours pendant lesquels résonne avec plus de force l’appel à entendre l’Évangile et à en vivre vraiment.Les circonstances sont sans doute difficiles ; qu’elles ne nous empêchent pas de tirer profit de ce temps qui nous est offert.

Les textes bibliques qui jalonneront ce Carême nous parleront souvent de l’Alliance, l’alliance de Dieu avec l’humanité, mais aussi l’alliance des hommes entre eux et avec la création toute entière. Comme le dit si bien le Pape François (Laudato si’ § 92) : « Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des soeurs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection à frère soleil, à soeur lune, à soeur rivière et à mère terre.» La liturgie du Carême nous rappellera, du même coup, que le péché des hommes est, en définitive, une rupture d’alliance, un réflexe d’égoïsme, une incapacité à se lier avec autre que soi, la crainte de s’y perdre. Et elle nous redira que le Christ s’est engagé tout entier pour renouveler l’Alliance et la cimenter de son amour.

Ces textes, parfois difficiles, nous conduiront à relire notre propre histoire, à nous émerveiller de tout ce qui crée de l’alliance, mais aussi à bien discerner ce qui s’y oppose et en freine le développement. Et, avec la grâce de Dieu, personnellement, nous pourrons décider de telle ou telle conversion à vivre pour avancer plus résolument « sur les chemins de l’alliance avec le Christ ».

En plus de la liturgie dominicale, et de ce que chacun pourra glaner ici ou là, nous disposerons chaque semaine, sur nos deux paroisses, de quelques pistes de réflexion et de conversion pour mieux vivre l’alliance : avec le Seigneur bien sûr, mais aussi avec ceux qui nous entourent et avec la création qui est «notre maison commune». Ainsi nous ne perdrons pas de vue nos engagements paroissiaux de ces dernières années pour une plus grande fraternité et pour une « église verte ».

«Tout est lié».  Nous pourrons en faire l’expérience, si nous le voulons, avec une proposition toute simple :celle d’un « jeûne » ou d’une consommation plus raisonnée. Cela permettra de réfléchir à ce qui est plus essentiel, mais sera aussi tout bénéfice pour notre terre et pourra alimenter, avec les économies réalisées,une tirelire en vue d’un partage solidaire. Voilà quelque chose que nous devrions avoir beaucoup de joie à célébrer à Pâques, tous ensemble si le virus nous le permet. Bon carême à tous.

                                                                                                                                                                                  Bernard Hervouet