EDITO -- Prendre le temps de se poser

Jésus nous a montré l’exemple, avant de vivre sa mission, il a pris le temps de se poser. Bien inséré dans son peuple, il s’est mis face à toutes les attentes qui circulaient à l’époque, (attente d’un messie libérateur des Romains… attentes de signes où on ne cherche que son intérêt)… attentes compréhensibles mais quelquefois bien terre à terre, bien matérielles. Le temps de pose au désert lui a permis de se situer et de trouver sa place pour être fidèle à sa mission…

Les Évangiles rassemblent toutes les tentations que Jésus a affrontées en une période de 40 jours, dans le désert… mais ce temps de désert, qui est à la fois le temps de la tentation et le temps de sa rencontre avec son Père, se vivra tout au long de ces trois années où Jésus sera au milieu de son peuple. Un exemple : après la multiplication des pains, un bruit circule : la foule veut faire de Jésus son roi… Jésus réagit aussitôt. Il invite ses disciples à prendre leur barque et à traverser le lac et lui, il s’en va prier dans la montagne… C’est son temps de pose avec son Père où il se retrouve face à face avec celui qui l’envoie… après ce temps de ressourcement, il ira rejoindre ses disciples qui se battent contre le vent et la mer déchaînée et il leur transmettra sa paix pour continuer à porter la bonne nouvelle à ceux qui attendent.

Ce temps de carême que nous avons commencé est pour nous ce temps de nous poser pour nous mettre face à notre mission de baptisé(e). Chacun de nous se connaît, connaît ce qui l’entraîne dans des impasses. Nous avons besoin les uns et les autres de prendre le temps avec notre Père de nous regarder comme enfant de ce Dieu d’amour… prendre le temps de regarder nos choix de vie pour les accorder à ce qui paraît bon de vivre comme enfant de Dieu.

                        Le choix qui a été fait par nos deux paroisses de proposer le « carême des voisins » va dans ce sens. Ce n’est pas évident de regarder sa rue, son quartier avec un regard d’accueil pour chaque personne. Nous sommes dans une histoire et des évènements, des paroles, des silences ont pu mettre des distances entre nous et certaines personnes, familles… avant de proposer une rencontre, n’est-il pas possible de changer son regard, de commencer par un petit bonjour… de chercher la petite ouverture qui permettrait un jour d’aller un peu plus loin ensemble… et puis, prendre le temps d’en parler à notre Dieu, de lui demander de nous aider à faire un pas, si petit soit-il…

Voilà ce que ce carême m’invite à vivre : regarder ma vie et les choix que je peux faire à partir de là et porter ce regard sur ma vie dans un dialogue avec Dieu car je suis son enfant et j’ai besoin de lui.

Bon carême à chacune et chacun…

                                    Paul NOGUE