Chemin de St Jacques de Compostelle

Vendredi 10 mai : départ du Puy en Velay ; 64 jours plus tard, le 13 juillet, un face à face avec cette somptueuse cathédrale de Santiago.

Mais, pourquoi partir ? Couper avec la routine qui asphyxie ? Redonner du sens à sa vie ? Redonner du temps au temps ? Peut-être tout cela à la fois.

Le chemin n’a pas toujours été facile. Il y a eu les moments de doute lorsque la pluie devient trop quotidienne et que le chemin devient trop boueux et glissant.

Les moments de peur sous l’orage où l’on est complètement terrorisée et pourtant, il faut avancer pour trouver un abri. Savoir dans ces moments-là lâcher prise et faire entièrement confiance au Seigneur.

Et, les moments où la promiscuité devient agaçante, surtout lorsque la fatigue atteint son apogée et malheur au pauvrepèlerin qui passe par là.

Mais, le Chemin c’est surtout :

Toutes les rencontres faites, rencontres internationales où l’on va à l’essentiel. La parole et la confidence deviennent plus libres face à cet inconnu. Il n’y a plus de tabou, de protocole, de classe sociale. Chacun est là avec ce qu’il est, sur le même pied d’égalité avec pour même but : SANTIAGO. A tour de rôle le pèlerin est celui qui reçoit ou celui qui donne. Il existe un vrai élan de solidarité avec des gestes de fraternité et des sourires partagés qui vont au-delà de tout langage et c’est dans les joies simples où dans les grands moments que se forge une complicité avec l’autre.

De renouer avec la nature, redécouvrir ainsi les odeurs après la pluie ou le soleil ; le chant des oiseaux qui fait vibrer une corde intérieure ou bien alors les paysages grandioses qui font bondir de joie ou stopper net avec un regard complètement ébahis. Sans oublier les fleurs multicolores parsemées ici et là par la main du Maître pour embellir son tableau et devant cette beauté nous ne pouvons que chanter « Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes Seigneur… »

De recentrer sa vie sur l’essentiel en apprenant à se désintoxiquer du superflu, de relativiser les choses, de vivre tranquillement au rythme du temps.

Cheminement intérieur et interrogation sur sa vie. Qu’est-ce qui donne sens à ma vie ? Pouvoir poser des balises sur ce chemin de vie et d’avancer à son rythme vers la lumière. Faire aussi un chemin de retrouvaille avec soi-même sur un sentiment de bienêtre et de paix intérieure.

Ce chemin a été possible grâce à toutes les personnes qui au loin m’accompagnaient par la prière, marches, SMS, ou par la pensée (famille-paroisse-collègues de travail-amis) mais aussi par la présence chaleureuse des hospitaliers dans les gîtes recréant une ambiance familiale, ainsi que tous les pèlerins rencontrés tout au long de ces 64 jours.  

Merci, merci et mille fois merci à vous tous.

Devant la cathédrale, je suis restée de longues heures ne sachant plus que faire ; Heureuse d’être parvenue au bout des 1600 Km avec une grande joie dans le cœur mais aussi une impression de grand vide. Le chemin se termine ici, finies les flèches jaunes qui balisaient la route. Mais il faut rester debout, en éveil car le chemin de la vie continue et il me faudra sûrement beaucoup de temps pour découvrir tout ce que le chemin a pu m’apporter.

Le Padré Maroquin (un espagnol) disait : « Lorsque vous serez revenu chez vous, dites-vous que vous serez encore sur ce chemin et, que vous y serez désormais toujours, car c’est un chemin qui ne connaît pas de fin. Sachez-le et ne l’oubliez jamais ».  ULTREÏA (plus loin) 

                                                                                                                                     Véronique DU ROSEL

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